Maladies...

Outre les combats, coup de main, bombardements, corvées et autres missions suicides, les fantassins devaient lutter contre la malnutrition et les maladies qui représentent près de 175000 décès pendant la durée de la guerre.

 

Les évolutions technologiques sur le plan militaire ne sont pas sans conséquence pour les soldats dont le quotidien est marqué par la souffrance morale et physique. Les pathologies furent liées aux conditions de vie précaires dans les tranchées, et c'est ainsi que de nombreux soldats sont morts pour cause de bronchite aiguë, de pleurésie, grippe, méningite, choléra, typhus, scorbut. 

On note également l'apparition d'infections spécifiques au théâtre des tranchées, comme ce fut le cas avec les pieds gelés et "le pied de tranchée", conséquence directe de la confrontation permanente des pieds avec l'eau boueuse des tranchées, qui pouvait déboucher sur la gangrène. 

 

À cela se greffait une hygiène corporelle déplorable se traduisant par les parasites (poux, puces), le linge inchangé pendant des semaines, l'absence de toilette, à laquelle s'ajoutaient les fosses d'aisance nauséabondes, les cadavres en putréfaction synonymes de jardin d'Éden pour la prolifération des rats, comme en témoigne Louis Barthas dans ses Carnets de guerre : "Les rats arrivaient affamés et par centaines dans nos abris. Si la nuit on n'avait pas pris la précaution de se couvrir la tête, plus d'un aurait ressenti au nez, au menton et aux oreilles, les dents aiguës de ces maudites bêtes." 

 

L'omniprésence du danger et de la mort engendrait parallèlement des traumatismes psychologiques. Les cadavres en décomposition, les corps démembrés, les séquelles engendrées par les tirs d'artillerie imprègnent la journée du poilu au point d'aboutir à des troubles psychiques liés au stress, dont certains troubles post-traumatiques - comme l'obusite - qui provoquent des séquelles à long  menant à des maladies psychosomatiques graves. D'autres maladies viennent accabler les hommes des tranchées, comme la typhoïde, la dysenterie et les maladies intestinales qui résultent de la mauvaise qualité de l'alimentation. Légalement, il était prévu par soldat une ration journalière composée entre autres de 700 grammes de pain, 400 grammes de viande fraîche ou en conserve, 75 grammes de fromage, 35 grammes de café, 45 grammes de margarine ou de lard, entre 25 et 40 grammes de féculents (haricots blancs, petits pois, riz...), mais, en réalité, les quantités furent moins importantes et de moindre qualité. Le ravitaillement en nourriture constituait en lui-même une corvée puisque des soldats devaient se rendre à l'arrière jusqu'aux cuisines pour ensuite effectuer le chemin inverse chargés de bidons. Il était donc fréquent que la nourriture soit livrée froide, soit déversée en raison des conditions d'acheminement difficiles ou encore non distribuée face à l'ampleur des affrontements. La malnutrition prédominait donc, tout comme la déshydratation et la mauvaise qualité de l'eau que les soldats faisaient bouillir pour la purifier.


C'était écrit...

 

Camille GELAS

 

Camille est né à Serre-Nerpol le 3 décembre 1884. Il quitte son métier de domestique pour 

rejoindre son régiment au mois d’août 1914. Il est blessé une première fois le 25 octobre 1915 : il est atteint de multiples contusions à l’épaule, à la poitrine et au ventre à la suite d’un enfouissement provoqué par l’éclatement d’un obus dans les tranchées de Vého en Meurthe-et-Moselle. Il est ensuite touché par un éclat d’obus au visage dans l’attaque de la batterie de Damloup dans la Meuse. De nouveau blessé en février 1917 en étant rendu sourd des deux oreilles par l’explosion d’une torpille, il est tué à l’ennemi le 2 octobre 1918 au nord-ouest de Marvaux-Vieux, côte 184, dans les Ardennes.

Il fut “Cité à l’ordre du régiment : le 25 octobre1915, étant en position de sentinelle, a été complètement enterré par un obus avec son camarade. Malgré les souffrances que lui provoquaient des contusions internes, s’est dégagé lui-même et s’est porté immédiatement au secours de son camarade qu’il a dégagé.”

Il avait 34 ans.