Après avoir effectuer des recherches par le biais des journaux de marches et opérations, et grâce à des sites spécialisés et forum présents sur internet, j'ai pu localiser avec précision le lieu de décès de chaque homme (lieu-dit, tranchée, village etc…).

Après avoir déterminé les coordonnées GPS, je suis parti le long du front m'arrêtant à chaque fois à proximité et continuant à pieds muni de mon matériel photo et d'une carte 1/25000. Nombreux sont les endroits aujourd'hui repris par l'activité humaine, les banlieues de Lens et Arras sont désormais construites sur l'ancien champs de bataille de l'Artois, les champs de la Somme nivelés par l'activité agricole. Pourtant, d'autres lieux portent encore les stigmates de cette guerre, Verdun bien sûr, dont les forêts centenaires semblent s'être abreuvées du sang des soldats et le massif du Linge, lieu incroyable resté en l'état où les 2 armées se trouvaient à quelques mètres les unes des autres. 



Régis BOULLU 

 

Né à Saint-Hilaire-de-la-Côte le 23 juillet 1888, Régis a les cheveux châtain et les yeux roux, il est cultivateur. Il fait son service militaire dans les chasseurs alpins à Chambéry en 1909 et il est rappelé pour le début de la guerre. Il part en août 1914 avec le 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins dans le massif vosgien pour défendre les routes des cols, et se retrouve en juin 1915 à Sondernach dans le Haut-Rhin. Le 15 juin 1915, le 13ème BCA est chargé d’investir la crête dégarnie de l’Hilsenfirst : le sommet est vite enlevé, mais les chasseurs subissent ensuite pendant cinq jours le bombardement incessant de l’ennemi ; ils ne  résistent que grâce à de périlleux ravitaillements nocturnes effectués à dos de mules. Régis Boullu fait partie des 250 hommes tombés ce jour-là.

Il avait 27 ans.



Eugène COTTE 

 

Né à Varacieux le 7 janvier 1890, il est cultivateur dans sa commune d’origine, et commence son service militaire en octobre 1911. A peine de retour chez lui, il est rappelé à l’activité lors de la mobilisation générale et devient caporal en novembre 1914, puis sergent en mai 1916. Il se bat pendant trois ans sur tous les fronts possibles, Vosges, Alsace, Champagne, Verdun, Somme. Il se retrouve en mai 1917 engagé dans la bataille du Chemin des Dames, près de Cerny-en-Laonnois dans l’Aisne, dans le secteur de la ferme Bovelle tenu par les Allemands. C’est dans cette zone qu’il est tué à l’ennemi le 11 mai 1917, après d’incessants combats qui durèrent plus de deux mois.

Il avait 27 ans.

 



Emile DREVON

 

Né au Grand-Lemps le 1er octobre 1898 où il exerce le métier de cultivateur, Emile est incorporé à l’âge de 19 ans en mai 1917 comme soldat de deuxième classe, et rejoint le 17ème Régiment d’Infanterie qui participe à la bataille du Chemin des Dames. Transféré au 158ème Régiment d’Infanterie en janvier 1918, il part se battre dans les Vosges puis en Champagne. Au mois d’octobre 1918, les armées françaises et alliées poursuivent un ennemi exsangue : le 158ème  RI est chargé de faire sauter le verrou que constitue le village d’Orfeuil dans les Ardennes. Le 4 octobre les combats s’engagent, Emile est tué ce jour-là, sur la colline menant au village.

Il venait d’avoir 20 ans.

 



Paul TREYNARD 

 

Paul voit le jour à Bellegarde-Poussieu le 12 janvier 1884. Il est domestique, et ne fait pas son service militaire car il est ajourné pour faiblesse. L’histoire le rattrape, car avec les combats meurtriers du début de la guerre, on a besoin d’hommes : il est donc rappelé à l’activité au mois de novembre 1914 et intègre le 97ème  Régiment d’Infanterie. C’est dans le Pas-de-Calais, en face de Souchez au lieu-dit le Cabaret Rouge, que le 97ème RI stationne pour la deuxième bataille de l’Artois. Du 9 mai au 25 juin 1915, les deux armées se battent pour des avancées de terrain insignifiantes, laissant sur ces terres martyrisées du Nord, 63000 blessés, 20000 disparus et 17000 tués dont fait partie Paul qui tombe le 20 mai 1915.

Il avait 31 ans.

 



Joseph TRILLAT

 

Né le 1er avril 1895 à Veyrins, menuisier de métier,  Joseph est incorporé dans le 62ème Bataillon de Chasseurs Alpins en décembre 1914. Passé par la Belgique, il stationne de longs mois dans les Vosges, jusqu’en août 1916, et rejoint le front de la Somme. Le 6 octobre 1916, se déclenche l’offensive pour reprendre Saillisel : pendant plus d’un mois les combats ne cesseront pas, laissant dans la boue immonde des milliers d’hommes. Le 5 novembre 1916, à 11h10, sous une pluie incessante, le 62ème BCA part à l’assaut des tranchées allemandes de Presbourg. Albert ne revient pas, tué à l’ennemi ce jour-là. Le 14 novembre 1916, après plus d’un mois de combats meurtriers, l’armée française retrouve sa position de départ. 

Il avait 21 ans. 



Etienne MOLLARD 

 

Etienne est né le 8 août 1889 à Saint-Quentin-Fallavier. Il quitte ses terres et son métier de culti- vateur au mois d’août 1914 lors de la déclaration de guerre,  part au front avec le 52ème  Régiment d’Infanterie et participe aux opérations d’Alsace. Son régiment se dirige à la mi- septembre 1914 dans la Somme, à Chaulnes, pour enrayer l’avancée allemande. Le 27 septembre 1914, retranché à la lisière du village de Chaulnes, le 52ème  RI subit une canonnade incessante. Etienne meurt ce jour-là près du bois de la Demi-Lune ; son corps est à jamais disparu dans les mornes plaines de la Somme.

 

Il avait 25 ans.



Joseph DURIF

 

Joseph est né le 19 février 1894 à Ville-sous-Anjou ; cultivateur de métier, il est appelé aux armées en septembre 1914 et intègre les rangs du 22ème Régiment d’Infanterie Coloniale. Il arrive en pleine bataille, et découvre les horreurs de la guerre. Le 22ème RIC est envoyé ensuite le 11 février 1915, à Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus dans le département de la Marne afin d’exécuter une attaque sur le fortin de Beauséjour. L’assaut est donné le 22 février malgré les difficultés de circulation dans les boyaux, transformés en marécage et encombrés de cadavres. Le fortin est enlevé d’un seul élan, mais une forte réaction ennemie le 23 février submerge les hommes du 22ème RIC : Joseph est tué ce jour-là ; les combats durent cinq jours faisant 117 tués, 531 disparus, 968 blessés.

 

Il avait 21 ans.



Elie AUDEMARD 

Elie est né à Saint-Martin-de-Clelles le 5 avril 1895. Cultivateur châtain aux yeux marron, il intègre le 30ème  Bataillon de Chasseurs Alpins lors de son service militaire en avril 1913, et part directement au front lors de la mobilisation après s’être marié en décembre 1913. Il est tué après un violent bombardement des premières lignes Françaises à la Tête-des-Faux dans le Haut-Rhin le 7 décembre 1914.

Il fut cité à l’ordre de la division «comme agent de transmission du Capitaine au courage et dévouement constant et absolu, a été tué en portant un ordre pendant une violente canonnade à la Tête des Faux. Croix de guerre, étoile d’argent.»

 

Il avait 19 ans.